"Le Miroir, symbole des symboles"

paru aux Editions Dervy, 1995.
Deuxième édition 2011 :
Editions du Cosmogone, Lyon.

Seule quelques extraits
et une iconographie plus complète sont présentés sur ce site.


 
 
 
 
Chapitre X
 
 
DUPLICATION, MORCELLEMENT,

CONFUSION ET REFLEXION

 

Extraits de
"Le Miroir, symbole des symboles",
2e édition, les éditions du Cosmogone, Lyon,
septembre 2011.



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2 - La Connaissance par réflexion
 
 
 
Les deux luminaires sont souvent considérés comme les yeux du ciel, le soleil étant l'œil du jour(Ilygad y dydd chez les Gallois) et la lune celui de la nuit. Chez les Samoyèdes, la lune est l'œil mauvais du Ciel, le soleil étant l'œil bon.
 
 
La surface de la lune pleine est polie et étamée comme un miroir pour qui la contemple de nuit dans un ciel dégagé. Ambiguë, elle est à la fois fidèle dans sa réflexion du soleil, et changeante apparemment, pour nous, du fait des mouvements relatifs des astres qui entraînent ses phases.
La lune est féminine pour de nombreux peuples, et tout ce qui est lié à elle, cyclique; ainsi des marées, ainsi des menstruations de la femme.
En Orient où les sentiments sont traditionnellement voilés par la pudeur, à l'aimée "on ne dit jamais «je t'aime», on dit «la lune est belle»..."[1] car la lune est le symbole de la femme en qui se reflète le soleil et, de même que le soleil se reflète dans la lune, le mari se reflète dans l'épouse.
Estoniens, Finnois, Yacoutes, entre autres, célébraient les mariages à la nouvelle lune. Dans l'ancienne Chine, le miroir, qui prend le feu du soleil, était l'emblème de la reine et le couple royal ne s'unissait qu'à la pleine lune, lorsque le miroir se reconstituait en son entier. Entre-temps, le miroir céleste brisé était de mauvais présage !
 
Toutes les traditions maintiennent les mêmes vérités sous des colorations différentes. Beaucoup de cosmogonies sont liées au cycle de la lune tout autant qu'à celui du soleil. Ainsi, par exemple, dans les falaises de Bandiagara, chez le peuple Dogon du Mali, le Hogon[2] est le témoin d'Amma, dieu créateur et moteur du monde, en relation directe avec l'espace et le temps. Les phases de la lune rythment ses activités :
"L'âme femelle du Hogon est en rapport avec les phases de la lune. Lorsqu'elle est petite, «le cœur du Hogon est tranquille». Quand elle croît au deuxième quartier «le Hogon est enflé ». Au troisième quartier, elle marque la «réunion des Hogon», et lorsqu'elle est pleine, c'est le « siège du Hogon » (...) A la pleine lune, période où elle est en possession de toutes ses forces, le Hogon pourrait voyager ..."[3]
Dans de nombreuses civilisations, la vie était rythmée par les phases de la lune. Elle n'est rendue visible dans le ciel nocturne, à nos yeux, que par le rayonnement solaire. Elle est réceptivité parfaite, mais elle est par contre passive et froide, influençable et transitoire.
 
La Connaissance par réflexion[4] est dite lunaire pour qui craint la radiance du soleil. La lune en effet reflète le soleil tout comme la Manifestation reflète l'Intelligence créatrice, selon l'analogie traditionnelle. Par ce moyen cependant "peut être admirée et magnifiée en la lune la splendeur du soleil"[5].
Diane, sœur d'Apollon, est dite justement lunatique, elle dont la voie est changeante, longue et humide par opposition à la voie solaire courte, sèche et ardue.
 
 
"La lune nous donne donc sa leçon, leçon autre que celle de son frère, le soleil, qui lui, donne son Feu ...
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Et la liturgie chrétienne fête Marie, le miroir parfaitement poli, "Notre Lune", "la Lune spirituelle", "la parfaite et éternelle Lune", la lune très pure dont la virginité enfante le Christ solaire. Les couleurs bleu et argent sont les attributs de la lune tout comme l'arbre mort, par opposition à l'or solaire et à l'arbre vert.
 

La Vierge Marie,
gravure d'Albert Dürer.
 
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Rien ne peut être manifesté sur terre s'il n'y a pas d’abord réflexion, spéculation. Dans son ouvrage encyclopédique Speculum majus (Le Grand Miroir), Vincent de Beauvais présente l'homme juste comme le miroir du cosmos.
 
 
 
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Qui dit image dit imagination. A l'imagination humaine réfléchie s'oppose l'Imagination induite par la Source.
"La science de l'Imagination est aussi la science des miroirs (katoptrique), de toutes les « surfaces » miroitantes, et des formes qui y apparaissent. 

      Comme science du speculum, elle prend rang dans la théosophie spéculative, dans une théorie de la vision et des manifestations du spirituel, tirant toutes les conséquences du fait que si les formes apparaissent dans les miroirs, elles ne sont pas les miroirs."[20]
 
Dans le film de Jean Cocteau, La Belle et la Bête, celle-ci donne à la Belle un miroir magique afin qu'elle puisse y suivre son agonie. Ce miroir dit à la Belle, dans un jeu de mots révélateur : "Réfléchis pour moi, je réfléchirai pour toi."





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